POINT DE VUE PARU DANS OUEST-FRANCE EN MARS 2001
Vive l'association !
par Jean-Pierre GOURMELON (*)
Les associations, dont nous fêtons le centenaire cette année, sont utiles.
Dans une société de plus en plus cloisonnée, nous avons plus que jamais besoin de ces espaces pluriels de rencontres et d'actions où des femmes et des hommes - c'est-à-dire des citoyens - d'horizons politiques, culturels et religieux différents s'unissent pour agir ensemble, autour d'un projet commun, au service d'un objet social réel, de demandes sociales authentiques et essentielles.
Mais les associations dérangent les pouvoirs établis. Dès lors où elles ne sont pas "contrôlées" par une organisation politique, religieuse ou syndicale, elles deviennent suspectes … de liberté ! C'est paradoxal, mais c'est ainsi.
Du coup on parle du "malaise associatif", on explique que la "loi 1901 a été pervertie" pour justifier des mesures visant à "encadrer" cette liberté en action, ou pour enlever aux associations toute possibilité d'agir et d'entreprendre. Et ainsi faire passer leurs activités au profit du secteur marchand, lucratif et à gestion intéressée.
Les associations ont une triple mission : d'exercice collectif de la liberté, de service vers la cité et ses citoyens et … d'insoumission.
Cet engagement se fonde sur deux grandes légitimités :
La première s'enracine dans cette force intérieure qui pousse des hommes et des femmes de progrès à être acteurs de leur vie et de leur environnement.
La multitude des services rendus par les associations, aussi bien aux personnes qu'à la collectivité, constitue une seconde légitimité. L'ensemble du secteur social solidaire (associations, mutuelles, coopératives) concerne 7 millions de bénévoles, apporte des services à plus de 30 millions de nos concitoyens et emploient 2 millions de salariés. Des chiffres qui montrent la diversité et l'efficacité de ces actions nées de l'initiative de citoyens responsables, libres et refusant la soumission ou la fatalité.
Si cette liberté de s'associer librement dans un but non lucratif n'avait pas existé, il faudrait la créer d'urgence !
Du moins si on croit vraiment que la République, la démocratie et la citoyenneté sont une réalité, ont un avenir et sont chaque jour à ré-inventer parce qu'elles sont inachevées.
Promouvoir la liberté collective de se regrouper en association à but non lucratif et à gestion désintéressée pour agir, pour combattre et pour entreprendre dans des projets et des secteurs d'intérêt général, au service de l'être humain et de sa "maison la Terre", faire reconnaître la place d'une économie plurielle, et le rôle des associations dans l'économie sociale solidaire, parce que cette dernière représente un espace d'intervention unique et irremplaçable entre le " tout Etat " et le " tout marché ", doivent donc être des objectifs prioritaires.
En fait, il n'y a rien à changer sur le fond à une certaine … loi du 1er juillet 1901. Il faut seulement en reconnaître les mérites et en adapter les modalités concrètes de fonctionnement aux évolutions intervenues depuis 100 ans.
Un siècle après, la République peut être fière d'avoir reconnu à ses citoyens le droit de s'associer et d'agir librement. A l'occasion du centenaire de cette loi, et à l'aube de ce nouveau siècle, elle doit avoir la volonté et l'audace d'encourager cette capacité d'agir ensemble et librement.
(*) Responsable d'associations en Bretagne, Jean-Pierre Gourmelon est ausi Président du Collectif Walkdeck-Rousseau Bretagne
Ils ont dit...